
Habitants de la Terre je m’adresse à vous,
Le 6 août 2012, le rover Curiosity se posait dans le cratère Gale de 150 km de large.
Après y avoir notamment trouvé un ruisseau asséché (voir cet article), le laboratoire roulant de 899 kg a exploré la zone baptisée Yellowknife Bay.
Des images acquises depuis l’orbite par des sondes y ont révélé une surface fracturée qui chaque nuit se refroidit plus lentement que le terrain environnant. Dès lors, il ne restait plus au Rover qu’a se déplacer sur place pour y prendre des photos. Les clichés pris par Curiosity ont dévoilé une géologie intéressante pour les responsables scientifiques de la mission.
La caméra-laser franco-américaine ChemCam qui analyse sol et roches à distance (voir cette vidéo) a détecté dans les veines rocheuses des concentrations élevées de calcium, soufre et hydrogène. Ces éléments font penser que le rover est peut-être face à des veines de gypse. Sur Terre, de telles veines se forment lorsque de l’eau circule dans des fractures rocheuses.
C’est donc dans cette zone que ce sont concentrés les recherches mais sans précipitation et avec toutes les précautions requises. En effet, l’outil perceuse de Curiosity (Drill en anglais), situé dans la tourelle au bout de son bras robotique souffrait d’un défaut : on craignait qu’en cas de blocage une surtension électrique du moteur ne puisse se propager à l’ensemble de l’électronique du rover. Cependant, en novembre 2011, une modification avait été apportée qui, normalement, a permis de résoudre le problème.
Toutefois, le 2 février 2013, seule la fonction percussion de la perceuse a été utilisée donnant lieu à une entaille de 1,7 cm de large immortalisée sur le cliché ci-dessous.
Quatre jours plus tard, le 6 février, ce fut le tour de la fonction perçage (le foret tournant alors comme sur une perceuse classique) d’être testée et qui a conduit à réaliser un trou de seulement 2 cm de profondeur.
Bien que l’outil Drill de Curiosity ait été testé 1.200 fois sur 20 roches différentes sur Terre, les ingénieurs ont joué la prudence. Des vibrations excessives pourraient endommager la perceuse, la tourelle ou même le rover en cas de blocage (le délai des transmissions interdisant tout pilotage en temps réel).
Le 8 février, la perceuse de Curiosity fonctionnait pour la première fois en mode complet (rotation + percussion), réalisant, cette fois, un trou de 1,6 cm de diamètre pour 6,4 cm de profondeur au sein d’une roche enchâssée dans le sol et nommée John Klein (en hommage à un responsable du rover décédé en 2011).
A partir de là le processus d’analyse des roches s’est mis en marche. La poudre prélevée à l’intérieur de la roche a été confiée aux deux laboratoires d’analyse de Curiosity : CheMin (pour la minéralogie) et SAM pour déterminer les molécules présentes (Sample Analysis at Mars, instrument auquel la France participe grâce au CNES).
Le 12 mars en fin de journée la NASA nous annonce le bonne nouvelle : « Une question fondamentale pour cette mission est de savoir si Mars aurait pu posséder un environnement habitable », a déclaré Michael Meyer, chercheur principal pour le programme d’exploration de Mars de la NASA au siège de l’agence à Washington. « D’après ce que nous savons maintenant, la réponse est oui. »
Mars a donc présenté autrefois des conditions favorables à l’apparition de la vie et à l’habitabilité de la planète.
Il faut donc revenir sur les analyses réalisées par les « labos embarqués ».
- Tout d’abord, les scientifiques ont identifié la présence de soufre, d’azote, d’hydrogène, d’oxygène, de phosphore et de carbone – quelques-uns des ingrédients chimiques essentiels pour la vie.
- Ensuite, cette roche affleurante consiste en des argiles, ce qui confirme une hypothèse avancée par l’interprétation de données récoltées par des sondes sur orbite autour de Mars (l’Européenne Mars Express notamment).
- Enfin, Curiosity apporte une précision importante : ces minéraux argileux (jusqu’à 20 % de l’échantillon) se sont formés en présence d’eau. En examinant les concentrations des différents éléments (olivine, sulfates de calcium, dioxyde de soufre, eau, etc.), les scientifiques de la mission affinent encore plus le portrait de l’environnement habitable dont il est question. Il ne s’agit plus ici du lit asséché d’un ancien ruisseau, mais plutôt du fond d’un ancien petit lac.
De plus, cet ancien environnement humide, à la différence des autres déjà observés sur Mars, n’était pas fortement oxydé, acide ou très salé, ont expliqué ces chercheurs. « On aurait pu boire cette eau », a lancé John Grotzinger, un autre responsable scientifique de la mission Curiosity, précisant aussi que les instruments du robot ne permettent pas de détecter la vie comme telle.
La conférence de presse de la NASA ce 12 mars 2013 :
Il n’y a que la science qui peut soudain vous donner l’impression d’avoir franchi un cap inimaginable. Aujourd’hui de nouvelles théories vont voir le jour et de nouvelles idées vont se muer en volonté d’en savoir plus. D’ores et déjà un autre perçage est prévu afin de confirmer et affiner ces résultats avant de continuer à se déplacer. Nous pourrons alors souhaiter un repos bien mérité à Curiosity, le temps que les ingénieurs comprennent le problème concernant la mémoire informatique de l’ordinateur A.
Vers l’infini et l’au delà !
Scientifiquement vôtre.
M. mOyOn
Sources :
NASA Rover Finds Conditions Once Suited for Ancient Life on Mars
http://www.enjoyspace.com/fr/news/curiosity-se-prepare-a-percer-mars
http://www.enjoyspace.com/fr/news/curiosity-percute-mars
http://www.enjoyspace.com/fr/news/curiosity-perce-une-roche-martienne
http://www.enjoyspace.com/fr/news/mars-a-ete-habitable
LeMonde en ligne : Selon la NASA, la vie microbienne a pu exister sur Mars